Après 12 livres et 40 années passées à dessiner les gens en entreprise, GABS revient sur l’évolution de la société, sur le rôle du dessinateur et de l’artiste au sein de l’entreprise, et sur la révolution Internet. Lors de son passage à Lausanne et Genève pour les vernissages de son exposition organisée dans le cadre des 7 ans de notre société, nous avons posé quelques questions à GABS.

L’entreprise, la communication et les artistes

Jusque dans les années 70, les entreprises vivaient cloisonnées et enfermées sur elles-mêmes. Elles ne communiquaient pas. Les émissions télévisées ont changé ce paradigme en exportant l’entreprise à l’extérieur de ses propres murs. Entre 1970 et 1990, les entreprises ont beaucoup communiqué, l’argent ne manquait pas, les journaux étaient nombreux. Les agences publicitaires engageaient des « acheteuses d’art » dont la tâche principale consistait à trouver dans leur carnet d’adresses le photographe, l’écrivain, ou le dessinateur adéquat qui correspondait à la demande du support artistique publicitaire. On faisait appel à de vrais professionnels.

Ce qui intéresse GABS en entreprise, ce sont les gens qui y évoluent, et non pas l’entreprise même. Il y découvre un inconscient collectif qu’il essaie de saisir et de traduire dans ses dessins.

La vitesse et Internet

Si GABS apportait autrefois physiquement ses dessins à l’entreprise, aujourd’hui, il les envoie par voie numérique. C’est plus simple, mais les paradigmes de la création s’en voient modifiés : l’artiste doit être réactif, et par conséquent, produire des quantités plus importantes de son art. La relation à l’entreprise était autrefois physique et non pas virtuelle. On se rencontrait, on discutait, on se connaissait.

La relation humaine

GABS constate aujourd’hui un manque d’attention à l’autre. Il l’exprime très bien dans un dessin où le chef s’enorgueillit de son discours dédié à son employé modèle « Bernard », pour ensuite apprendre qu’il s’appelle Georges. Aujourd’hui, on entend sans écouter.

La pression constante en entreprise conduit vers des tensions. Or, c’est un cercle vicieux : nous avons tous besoin de reconnaissance, mais la pression aidant, nous manquons de respect vis-à-vis de nos semblables, qui nous le rendent par effet de réaction.

Le bonheur

Selon GABS, l’injection de bonheur offerte partout aujourd’hui – publicité, philosophies du bien-être et mieux vivre – crée une grande pression chez les humains qui pensent qu’ils doivent à tout prix être heureux et exempts de problèmes : cette croyance augmente leurs souffrances. « Avant, on savait qu’on était flagellés, et on l’acceptait. »

« La crise, je me marre » 

La crise, selon GABS, est un état normal, ou mieux dit « il n’y a jamais de crise ». Finalement, n’est-on pas toujours en crise, politique, économique, et personnelle? Ce sont nos schémas de ce que devraient être la vie et le monde qui nous conduisent à croire que lorsqu’une situation change, on est en crise.

L’humour et la poésie chez GABS

Pourquoi GABS utilise-t-il ces deux éléments dans ses dessins? Tout d’abord, il est un féru de littérature. Puis, il est d’avis que l’humour permet de créer quelque chose de nouveau entre des éléments qui n’étaient pas faits pour se rencontrer : la poésie et l’entreprise sont paradoxales, mais en les associant, GABS crée la magie de l’humour.

C’est toute sa façon à lui de rencontrer l’univers des autres.

 

Venez découvrir les dessins de Gabs jusqu’au 31 janvier 2015

Visites pendant les horaires d’ouverture : 8h30-12h30 et 13h30-17h30.
Merci d’annoncer votre venue par téléphone au:
022 732 25 15 pour Genève
021 612 30 20 pour Lausanne